MECASPORT ENDURO 18

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LA RONDE DU FOREZ 17 et 18 OCTOBRE 2015

La Ronde du FOREZ

17 et 18 octobre 2015

 

Après deux bonnes heures de route, nous arrivons à l’institution St Pierre de Courpière, vers 17 h 30 le vendredi soir. Nous ne sommes pas les premiers, mais pas loin.

Nous nous installons au fond de la cour, du côté droit, à proximité de la porte d’accès au restaurant et aux chambres (pour ceux qui connaissent). Les vieux ont leurs habitudes.

Nous retrouvons pas mal des pilotes de l’année dernière. Certains disent nous avoir reconnus sur les vidéos du club 14. C’est dingue, nous devenons célèbres. L’année prochaine on signe des autographes, c’est sûr !

Et nous nous dépêchons d’aller investir 3 plumards, pas trop loin des douches et des cagouinces. Et hop, ça c’est fait.

Le soir, comme d’hab., c’est buffet gastronomique. Chacun a pour mission d’amener quelque spécialité de sa région. Cela se traduit par : charcuterie, fromage, bière et pinard à volonté ! C’est tout ce qu’il faut à nos corps d’athlètes de haut niveau, avant d’attaquer une épreuve à gros physique. Même pas peur…

Photo 1

Ceci-dit nous aurons l’occasion de discuter avec le grand moustachu à la voix qui porte :

  • Ça gèle la nuit !  Il y a de la neige à partir de 1000 m et demain on monte à 1400 ! Il ne va pas faire chaud.

  • D’ailleurs cet après-midi, les traceurs n’ont pas réussi à faire le tour et finir le balisage. Ils n’ont même pas fait le hard. On verra ça demain.

Il cherche à nous faire peur, l’animal ! Cela sera confirmé au brieffing du soir. En effet, pas de brieffing demain matin pour partir plus tôt. Les plus énervés pourront s’agacer dès 8 h 30….

Allez, au lit les champions !

Les ronfleurs de l’année dernière sont revenus. C’est infernal ! J’ai la chance d’avoir le champion du monde juste derrière la cloison qui sépare nos têtes de lits. J’ai cherché un autre emplacement sans succès. J’ai seulement pu faire un demi-tour pour éloigner au maximum mes oreilles de la source sonore. Pas terrible mais mieux que rien. L’année prochaine je viens avec des boules Quies (ou un gourdin…).

Vers 2 h du mat, une bande de fêtards alcoolisés a réveillé la communauté. Je vous laisse imaginer les mots d’oiseaux que mon éducation m’interdit de rapporter sur ce site respectable. Pas trop de rots ni pets gras cette année, ça progresse dans la civilité !

 

Samedi matin 7 h, debout les motards.

Une douchette, un p’tit déj et hop sur les motos.

Nous ne sommes pas les premiers mais on n’est pas mal. Nous démarrons ensemble dans le même groupe. Patrick part devant, il est chaud. Je suis le paquet jusqu’au premier virage ou je constate que Fernand n’arrive pas. J’attends, pas la peine de se perdre après cent mètres. Grand bien m’a pris car après quelques minutes (Fernand m’a rejoint) le petit groupe revient sur ses pas. Nous sommes partis à gauche vers le haut, alors qu’il fallait partir à droite vers le bas. Demi-tour, ça commence bien !

Nous traversons la ville calmement. Ça caille grave. J’ai le bout des doigts qui gèle.

Dès les premiers croisements, des motos en sens inverse. Ça jardine pas mal, les banderoles sont souvent difficiles à localiser. Ce sera comme ça tout le long du parcours, pendant les deux jours.

Comme nous avons déjà perdu pas mal de temps, pas la peine de s’énerver. Je suce la roue d’un groupe d’une quinzaine de motos, Patrick et Fernand suivent. Maintenant c’est parti !

Une premiers côte caillouteuse et racineuse à souhait commence à opérer une sélection naturelle. Nous commençons à nous réchauffer. Tout en haut, il y a du monde qui souffle. J’en profite pour gérer un premier pissou. Patrick arrive et fait de même. Où qu’il est le Fernand, c’est que nous avons fini notre affaire ? Maintenant faut plus patiner dans le terreau !

Et Fernand arrive, il a chaud. Normal ! Il enlève le K-way. Dès qu’il semble presque prêt, Patrick et moi lâchons les chevaux. Nous n’avons jamais revu Fernand de la journée !

Nous avons pourtant fait une longue halte au premier ravitaillement. J’ai pris 2 cafés, mangé des abricots et des figues, un bout de pain et un quartier d’orange, nettoyé mon casque, mes gants, mes lunettes… et toujours pas de Fernand.

Tout ça pour dire que nous avons roulé à deux, Patrick et moi, toute la journée du samedi. Fernand vit sa vie, dans son propre espace-temps, un monde parallèle décalé (qui voyage loin ménage sa monture).

Passons aux choses sérieuses, il faut que je vous fasse un topo de la matinée :

Il a fait froid, très froid et très humide. Nous avons rencontré la neige, elle n’est pas tombé du ciel, elle était déjà là, par terre et dans les arbres.

Imaginez les difficultés habituelles, mais détrempées. Les pierres mouillées et les racines savonnées. Ajoutez des flaques et des trous d’eau, de la boue et des ornières. Les branches des sapins, chargées de neige se soulagent sur nos tronches. Les masques sont détrempés, les mousses imbibées, les bandeaux glissent sur les casques. A plusieurs reprises, j’aurais de l’eau qui coule sur l’écran, par l’intérieur. Il est souvent impossible de rouler avec les lunettes. Lors de chaque toucher de branche basse, je baisse la tête au maximum pour éviter les projections. Je ne vois pas trop ou je vais mais de toute façon, avec l’écran maculé, j’y vois que dalle.

Il y a de la brume. C’est beau la brume ! Je me rappelle avoir vu courir deux chevaux à mes côtés, ils fumaient par les naseaux et par la chaleur intense que dégageait leur corps suant, sur fond de montagne sombre et de nuages bas, au fond de la vallée. Mieux, plus beau qu’en HD.

Nous avons également croisé deux chevreuils.

Dans une des innombrables montées, ça bouchonne. Je regarde, je jauge, j’évalue, me tâte, j’attends que ça se dégage. A gauche, la marche est plus nette, l’approche peut être plus facile mais il y a une grosse racine en plein travers en surplomb.  A droite, ça m’a l’air moins haut, je suis à peu près dans l’axe, mais il y a de gros blocs qui risquent de me coincer car ça finit par une saignée. En délestant la roue avant, avec pas mal d’élan ça devrait le faire. De toute façon à gauche c’est bouché. Je me lance et passe presque tout. La roue arrière se bloque sur le dernier caillou, ça patine, je n’insiste pas ! Nickel. Ouf ! Je ripe la roue arrière sur le caillou d’à côté et vais poser la moto plus loin en attendant Patrick.

Plus bas, la Yam prend des tours, fume. Ça tronçonne sur les racines. C’est beau un enduriste dans l’effort. Il fume autant que la moto. Les deux roues sont butées chacune sur une racine. Y tire, y pousse, y glisse, y tombe, y relève et ça fume de plus belle. La moto n’avance pas d’un millimètre. Bordel va falloir que j’aille l’aider !

J’y vais et à deux, nous arrivons à extraire le bolide (l’enclume ?) bleu de ce mauvais pas. Si je n’étais pas redescendu, je pense qu’il y serait encore.

Mais là où je voulais en venir c’est que j’ai trempé et pourri mes gants dans l’affaire. Je le regretterai par la suite. Nous sommes trempés jusqu’aux os, par l’intérieur et l’extérieur, pas un poil de sec. Je me répète, je suis gelé !

Plus tard, Patrick mettra des gants plus chauds, et me filera ses petits gants pas assez chauds pour lui. Quel bonheur, des gants froids mais secs.

Plus loin, il a essayé de me prendre par derrière ! J’avais un peu écorné ma bavette support de plaque minéralogique, Patrick l’a fendue de bas en haut !

Un passage encaissé dans les cailloux, ça bouchonne encore. Je repère une moto à droite sur une trace parallèle dans les racines. Pas forcément plus facile mais dégagée. Je vise une moto qui a l’air de progresser entre les arbres. En fait il y en a deux. Je sors de la trace par la droite et y vais doucement, racine par racine en analysant les déboires de mes deux prédécesseurs. Quand les 2 sont par terre pour le compte, je suis obligé de continuer seul devant. Le problème c’est qu’il faut rejoindre le chemin creux initial qui est creusé un bon mètre plus bas sur la gauche. Cette forêt est mal tenue, il y a beaucoup trop d’arbres mal rangés qui ne laissent qu’un seul choix, une montée quasi verticale dans le gras, puis 180° sur la gauche au-dessus d’une grosse racine et quasi immédiatement derrière, re-virage à droite à 90° avec  descente de marche d’un petit mètre pour retourner dans la trace. Je n’y croyais qu’à moitié mais à ma grande surprise ça passe presque facile sauf à la fin, moto à la verticale perpendiculaire au chemin, roue avant plantée dans l’ornière, roue arrière en haut de la marche. Je suis en équilibre plutôt instable quand une poussée brutale finit par m’étaler dans les cailloux, je reste coincé sous la meule. C’est Patrick !  Recule que j’y dis. Peux pas, qu’y m’dit ! Je vous rassure nous en sommes sortis indemnes.

Je ne sais plus vers quelle heure nous sommes arrivés au restaurant, au col du Béal à 1390 m. Peu importe. Là, c’est neige et brouillard.

Un grand soulagement d’être arrivés jusque-là, teinté d’une légère angoisse, sachant que nous n’avons fait que la moitié du parcours !

Photo 2

Nous avons mangé rapidement pour ne pas nous refroidir. J’ai squatté un coin de radiateur dans les toilettes pour faire sécher mes gants et mes lunettes. Les places sont chères.

Et toujours pas de Fernand à l’horizon !

J’ai les oreilles qui trainent et apparemment, il y en a quelques-uns qui ont coupé par la route pour arriver au restau ! Un autre, le grand à la 300 Sherco 2 temps avec lequel j’ai un peu discuté au départ, décide d’arrêter là et rentrera par la route. Ça lui suffit pour aujourd’hui.

Il faut repartir. Quelle joie de renfiler les fringues détrempées. La veste est à tordre, le casque idem.

Le ciel est toujours bouché. Une petite photo souvenir et on s’y jette !

Photo 3

Le début d’après-midi commencera comme la matinée a fini ! (on se gèle les coucougnettes !) Cependant, la descente dans la vallée et l’apparition du soleil vers 15 h 30 nous redonnent goût aux plaisirs champêtres !

Côtes et descentes s’enchainent sur un terrain plus sec et bien adhérent. C’est le pied !

Le pied jusqu’à ce que l’incident arrive !

Je suis aux premières loges, derrière Patrick. Dans une bonne descente, pas plus raide que la moyenne et bien moins que certaines autres, il perd l’avant, mort le talus et cabusse dans les éboulis. Je l’évite, passe à côté en observant qu’il reste coincé sous sa moto. Faut agir vite ! Le temps de déposer ma moto quelques mètres plus bas contre un arbre, un groupe de Beta est arrivé et relève sa moto. Patrick a eu le souffle coupé, il récupère calmement. Tiens, on dirait qu’il y a de l’huile qui pisse le long du carter d’embrayage, derrière le morceau de métal qui devait être la pédale de frein. Et c’est quoi le morceau de plastique bleu qui traine plus haut dans les cailloux ? Je prends la moto blessée et vais la déposer plus bas sur le flanc gauche pour arrêter l’hémorragie. Christian Avril passe ensuite et offre son aide. Tous ceux qui passent s’arrêtent ! Commence à y avoir du monde dans le bourg !

Photo 4

Photo 5

Pas de panique, Patrick à les côtes en vrac mais a récupéré. Et nous avons tout ce qu’il faut pour réparer. Un bon emplâtre de pâte à froid sur le carter, quelques coups de pinces pour remodeler un embryon de pédale de frein, le vestige de garde boue dans le sac à dos et nous faisons le point :

  • Sans garde boue, avec tes côtes en vrac ! On peut rentrer par la route. Je te suis, y’a pas de problème.

  • Non, on va se les geler. On continue le parcours !

Heureusement la suite sera un petit peu plus roulante et la météo plus clémente.

Il est costaud et inusable, le Patrick. C’est un roc indestructible ! Nous avons fini le parcours sans encombre, content d’arriver enfin, après 150 km dans la journée.

Et toujours pas de Fernand !

Fernand arrive beaucoup plus tard. Il nous apprend qu’il a cassé son levier de frein avant et qu’il n’a plus d’embrayage : fuite au niveau du maitre-cylindre.  Du coup il a fini par la route.

Entretien des motos, remise des prix aux plus anciens participants et diner sont négociés au taquet.

 

Dimanche matin, c’est le même rituel, sauf que Patrick ne repart pas.  

Fernand est pire qu’une pucelle qui se pomponne pour son mariage. Pas réussi à partir dans les premiers cette fois.

J’ai perdu Fernand assez tôt. Quand je me suis arrêté au premier ravitaillement pour avaler un petit café, je l’ai vu passer, peinard, sans s’arrêter. Je suis reparti assez rapidement pour tenter de le rattraper, mais je ne l’ai jamais revu.

Peu de temps après, un choix Cornélien ! A gauche : Hard. A droite : Cool. Sans hésiter je m’engage du côté cool. Je laisse le hard aux gamins boutonneux ! Je me suis repris à trois fois pour franchir la p…..n de côtiasse soi-disant cool !

J’ai eu un grand moment de solitude quand mon voyant d’huile de mélange s’est allumé. Bordel, j’ai oublié de remettre de l’huile hier soir ! Quel con ! Je calcule mentalement le nombre de km restants, environ 50, ça va être chaud. Ça fait des heures que je roule seul. J’arrête la moto, le voyant s’éteint. Je redémarre le moteur, le voyant se rallume. Ce n’est pas un problème électrique. Je regarde dans le réservoir, il y a de l’huile, je vois bien le niveau. Bon, je continue. Perturbé par mon angoisse de manquer d’huile, je n’ai pas fait attention aux banderoles, je suis paumé, seul, en pleine forêt. Ouououoaiaiaiasss, super ! Tout seul au milieu de nulle part et sans huile moteur. Ça devient intéressant !

Réfléchissement. Je fais demi-tour. P…..n y’a que ma trace ! Depuis quand ? Je remonte doucement. Ce serait trop con de se payer un pilote en contre-sens (expérience vécue au quadruple Aveyronnais, au siècle précèdent). Au premier carrefour, un doute m’assaille : D’où viens-je ? De droite, de gauche ou d’en face ? Gloups, le sol est trop dur, les traces ne sont pas marquées. J’assure le truc. Je vais voir à droite, ça monte, je ne reconnais pas cet endroit, je ne suis pas venu d’ici. Puis j’essaie à gauche vers la descente, ça descend trop raide, si j’étais passé là je m’en rappellerais. Retour au carrefour. Et je pars en face, dans la direction la plus probable. Après quelque temps de roulage, je reconnais une pancarte que j’avais entre-aperçue en haut d’une côte. Yes ! Je suis sur le parcours, dans mauvais sens, mais sur le parcours. Il n’y a plus qu’à reprendre le parcours dans le bon sens et à guetter les banderoles. J’ai retrouvé le parcours, monté quelques côtes sympa, sauté quelques troncs et aussi une grosse marche. J’arrivais un peu vite en descente, pas pu freiner, mis un petit coup de gaz et sauté la double marche sans encombre. C’était beau, dommage que je sois tout seul !

Au dernier ravitaillement en essence, le copain à la Beta 300 RR me passe un peu d’huile (je vide sa fiole !) et me voilà totalement rassuré pour finir la journée. Lui aussi s’est paumé dans de nombreuses intersections, comme beaucoup.

J’ai terminé en meilleure forme que le samedi, avec 130 km supplémentaires au compteur. Je pense qu’il m’aurait fallu un troisième jour pour que je sois enfin au top ! Chaud, mais pas fatigué !!!

Fernand est arrivé une bonne heure plus tard. Il me raconte qu’il n’a pas vu l’indication Hard / Cool et qu’il s’est emmanché dans la section Hard ! Il a dû redescendre pour reprendre la section cool et c’est surement à ce moment que je l’ai dépassé, sans le savoir.

Cette rando terminée ne laisse que de bons souvenirs, mais la première partie du samedi fut probablement une des randos les plus dures que j’ai faites.

Patrick, Fernand et moi, nous pourrons dire :

  • La Ronde du Forez 2015, dans le froid et dans la neige, on y était, on l’a faite ! ! ! !

MARCO

 



31/10/2015
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